![]() Réduction des Risques Usages de Drogues |
A la suite des ateliers européens d'avril 20061 et en lien avec les avancées du plan crack dans le nord-est parisien, le Crips-Cirdd Ile-de-France a organisé le 24 septembre à la Cité universitaire une journée d'échanges sur les modalités de prise en charge des personnes dépendantes du crack en France et à l'étranger. Compte rendu.
Combien y a-t-il dusagers de crack en France ? Quelles sont leurs principales caractéristiques socio-démographiques ? Comme lexplique Jean-Michel Costes, directeur de lOFDT, pour dresser le panorama de la consommation de crack, il faut prendre en compte deux appellations différentes : le crack et le free base. Les présentations, les consommateurs et les représentations de ces deux produits diffèrent. Le crack est vendu sous forme de cailloux ou galettes alors que les usagers de free base, pour lessentiel des jeunes fréquentant le milieu festif, achètent de la cocaïne quils transforment eux-mêmes. Il ne faut pas oublier non plus dinterroger les modes de consommations des usagers de cocaïne, car certains peuvent la transformer pour la fumer.
Pour répondre à la question du nombre des usagers, différentes sources dinformations existent. Si les usagers en difficulté dinsertion ont du mal à être repérés dans les enquêtes en population générale type Baromètre Santé ou Escapad, le questionnaire Recap (Recueil commun sur les addictions et les prises en charge) permet de décrire les usagers faisant appel au système de soins. Ces informations peuvent être complétées par des enquêtes multicentriques telles Coquelicot ou lenquête portant sur les jeunes fréquent le milieu festif électronique.
Que nous apprennent ces différentes études ? Pour la cocaïne, laugmentation des consommations est très sensible avec un doublement de la prévalence en 5 ans chez les 15-34 ans. Tous les milieux sociaux sont concernés et le phénomène touche une large palette dâges. Le niveau de diffusion reste toutefois encore inférieur à celui observé dans dautres pays européens. Quant à la prévalence de lusage de crack, ce sont 0,3% des 15-64 ans2 et 0,7% des 17 ans3 qui lont expérimenté, ce qui est significatif en population générale.
Dans le dispositif spécialisé, sur les 62000 personnes recensées par les centres de soins spécialisés pour toxicomanes au travers du questionnaire Recap en 20064, 1370 (soit 2,4% de la file active) sont consommateurs de crack. Ils se concentrent à Paris pour 39% dentre eux et en Guyane pour 20%, le restant étant plus disséminé sur le territoire. Il sagit pour une large majorité dhommes, dun âge moyen supérieur à la moyenne des usagers rencontrés, concentrant différentes caractéristiques de précarité, notamment des antécédents dincarcération pour 56% dentre eux et des antécédents psychiatriques pour 30%. Ils ont des consommations importantes puisque 45% consomment tous les jours.8000 usagers environ dans les Caarud
a partir de lenquête réalisée dans les Caarud (Centres daccueil et daccompagnement pour la réduction des risques liés à lusage de drogues), en novembre 20065, on peut estimer quenviron 8000 individus suivis sont usagers de crack. On retrouve une concentration à Paris (71% dentre eux) et aux Antilles-Guyane (14%). Aujourdhui, le Caarud Ego à lui seul compte la moitié des usagers de crack de la file active. Les caractéristiques sociodémographiques ne sont guère différentes de celles des usagers fréquentant les CSST, avec une précarité encore accentuée. Les polyconsommations sont fréquentes ; les usagers de crack consomment aussi de la cocaïne, de lhéroïne, de la buprénorphine, de la méthadone, du sulfate de morphine, de la codéine, des benzodiazépines et de lecstasy.
Enfin, une récente étude6 de lOFDT montre que parmi les jeunes fréquentant l"espace festif musique électronique", les prévalences de consommation au moins une fois dans la vie sont très élevées. Cest vrai pour tous les produits. Ainsi, 93,6% ont déjà consommé du cannabis, 67,7% de lecstasy. La cocaïne nest pas en reste, expérimentée par 62,6% dentre eux sous sa forme chlorhydrate et par 20,6% sous sa forme basée (crack ou free base). Au-delà de la simple expérimentation au cours de la vie, parmi ces derniers, près de 6% en ont fait un usage récent dans le mois écoulé. Cela fait maintenant 4 ou 5 ans que laugmentation des consommations de cocaïne sous sa forme basée est signalée par les observateurs en milieu festif.Typologie du crackeur du nord-est parisien
En 2005, la cocaïne basée (crack ou free base) était le premier produit consommé au cours du mois par les usagers de drogue de lenquête Coquelicot. Un sous-échantillon de crackeurs du nord-est parisien permet à Marie Jauffret-Roustide, sociologue à lInVS, daffiner la description sociodémographique de ces usagers et de faire ressortir quelques particularités.
Tout dabord, la proportion de femmes est plus importante chez les consommateurs de crack que dans lensemble de la population usagère de drogues, 46% contre 23%. Hommes et femmes sont marqués par une précarité extrême : 81% sont sans emploi, 85% sans logement stable (31% vivent en squat ou dans la rue), 81% ont au moins un antécédent dincarcération. Tous les indicateurs de précarité sont plus élevés que chez les autres usagers rencontrés dans le cadre de Coquelicot.
Ensuite, alors que la prévalence du VIH est similaire au reste de la population usagère de drogues (autour de12%), la prévalence du VHC est plus élevée chez les consommateurs de crack : 72,5% sont contaminés alors quun tiers dentre eux se croient négatifs à tort. La consommation de crack est reconnue comme facteur associé à la séropositivité au VHC.
Plus généralement, létat de santé des consommateurs de crack est déplorable. Ils souffrent notamment de problèmes dentaires et de troubles psychologiques. Viennent ensuite, et cest très spécifique aux usagers de crack, les problèmes oculaires et les gonflements des mains et des pieds qui concernent un tiers dentre eux.
Les trois quarts des usagers de crack sont en traitement de substitution aux opiacés, ce qui montre quune grande majorité dentre eux a eu, par le passé, une consommation dhéroïne. Les produits associés à la consommation de crack sont, en premier lieu, les benzodiazépines (42%), puis la cocaïne (38%), lhéroïne (19%), lecstasy (13%) et les hypnotiques (12%). Les crackeurs du nord-est parisien consomment plus de cocaïne et moins dhypnotiques que le reste de la population vue dans Coquelicot.
Comme pour les usagers dautres produits, la majorité (65%) ont injecté au moins une fois, mais parmi eux 58% ont injecté dans le dernier mois, proportion significativement plus importante que chez les autres usagers. Les pratiques à risques sont extrêmement fréquentes, notamment pour le partage de la pipe à crack (9 crackeurs sur 10 déclarent un tel partage au moins une fois dans le dernier mois) alors même que les pratiques à risques sont souvent sous-déclarées dans les enquêtes épidémiologiques. Pour les pratiques en lien avec linjection ou le sniff, 10% déclarent avoir partagé leur seringue dans le dernier mois, 36% avoir partagé leur petit matériel, 82% avoir réutilisé leur seringue et 24% avoir partagé la paille de sniff.
Le sous-échantillon de lenquête Coquelicot permet de dresser un sombre tableau de la réalité du crack dans le nord-est parisien, soulignant lextrême vulnérabilité dusagers précaires, surexposés au risque de transmission du VHC et dans un état de santé très dégradé.La mise en oeuvre dun projet de recherche
Ce constat a justifié la mise en uvre dun projet de recherche copiloté par lInVS et le Cesames, en collaboration avec un comité interassociatif. Avec une double dimension : dans un objectif de réduction des risques, il sagit de mesurer la diffusion et lutilisation des outils de RdR actuellement disponibles et dévaluer un nouvel outil mis au point par le copilotage interassociatif ; dans une dimension plus large de santé publique, lenquête sattachera à décrire létat de santé et de vulnérabilité des usagers dans une perspective évolutive, avant et après diffusion de cet outil.
A létranger, lévaluation dune expérience de distribution de doseurs et dembouts menée à Ottawa en 2004 donne des indicateurs intéressants : le programme na certes pas eu dimpact sur la prévalence du VHC, mais il y a une diminution du partage des pipes et une baisse des injections. La ville dOttawa ne subventionne plus la distribution de ce matériel, mais les associations continuent, et dautres villes telles Montréal, Toronto ou Vancouver sy sont mises. Limpact en termes de pratiques à risques pour le VIH et le VHC dune expérience de distribution par un PES de tubes de verre, de fil, de baguettes pour pousser le caillou, de baumes à lèvres, de gommes à mâcher et dembouts en caoutchouc a été présenté lors de la Conférence internationale de Toronto. Les résultats ont montré un changement dans les pratiques des consommateurs.
En France, du matériel (embouts ou "kits base") a pu être distribué, mais ces outils nont pas fait lobjet dune validation scientifique. Doù la mise en place de cette recherche, qui a démarré en septembre et comprendra trois phases. Le but de la phase exploratoire (septembre 2007-mars 2008) est de recenser tous les outils existants et, à partir de ce recensement et de lanalyse de la littérature internationale, de mettre au point un outil de prévention en collaboration avec les associations et les usagers. La phase épidémiologique (avril 2008-octobre 2009) comporte un volet sociocomportemental sur la prévalence et les pratiques à risques et une évaluation médicale sur lévolution des lésions. Il sagit dobserver la situation aujourdhui puis 12 mois après la diffusion massive de loutil, afin den mesurer limpact en termes de prévalence, de pratiques à risques et de lésions. Enfin, la phase socio-anthropologique permettra dappréhender les vulnérabilités spécifiques liées au crack et lacceptabilité de ce nouvel outil.
Les retombées attendues sont tout à la fois opérationnelles et scientifiques. Opérationnelles car cette recherche devrait permettre dévaluer les capacités des outils de réduction des risques à induire des comportements de prévention chez les consommateurs de crack et contribuer à lévaluation de loutil sélectionné. Sur le strict plan scientifique, létude devrait améliorer la connaissance sur létat de santé et les profils des consommateurs de crack parisiens et permettre de mieux appréhender leurs savoirs, leurs pratiques et leurs croyances vis-à-vis du VIH et du VHC.Quels outils spécifiques de RdR ?
Comment concevoir collectivement cet outil de réduction des risques, à la fois adapté aux fumeurs de crack et validé scientifiquement ? Avant de présenter le travail du copilotage interassociatif, Catherine Pecquart, psychiatre de lassociation Charonne, rappelle que la consommation de crack sétend. Les consommateurs de crack ne se résument plus aux usagers très désocialisés visibles dans le nord-est parisien.
Quelles sont les pratiques à risques de transmission du VHC liées à la préparation et à la consommation du crack fumé ? Le cutter utilisé pour débiter la galette en caillou est sans doute lun des outils les plus transmetteurs. Lutilisation du doseur provoque brûlures, plaies, lésions ulcérées, coupures aussi bien sur les lèvres que dans la bouche. Cet outil, adopté dès le début des années 1990, sera sans doute difficile à détrôner. De plus, il est fréquemment partagé et réutilisé. La fabrication du filtre pour poser le caillou à partir de fils de cuivre (fils électriques) arrachés avec les mains ou les dents entraîne aussi des lésions.
Plusieurs structures parisiennes délivrent du matériel pour réduire ces risques. Ces outils, pour la plupart fragiles et très conducteurs de chaleur et par ailleurs non validés scientifiquement, soulèvent des questionnements. En labsence de validation, ils ne sont ni reconnus ni financés. Face à cette situation, un groupe de travail inter-Caarud regroupant Charonne, Ego, Gaia, MdM, Aides, Ipsud et La Terrasse sest réuni en 2006, et a sollicité lInVS pour le volet recherche.
Le groupe de travail sest constitué pour élaborer un outil validé par tous, chacun sengageant à adopter les outils qui seraient ainsi légitimés. Les différents partenaires se sont mis daccord sur les critères de qualité que devait présenter un outil de prévention des dommages et sur la nécessité dune vraie méthodologie dévaluation pour confirmer la valeur des outils et rechercher les éventuels effets contre-productifs quils pourraient induire.
Les critères de qualité dun outil au regard des principes de la RdR résident dans sa capacité a réduire les risques sanitaires suscités et répertoriés, sa capacité à induire des comportements de prévention chez les usagers, sa capacité à induire un lien avec eux et sa capacité à répondre à leurs besoins, pour quils puissent se lapproprier.La question du financement
Les partenaires saccordent sur le fait que cet outil devrait être délivré dans un kit comprenant une pipe en matériel non coupant et peu conducteur thermique, un filtre non toxique au chauffage et tout prêt, des embouts afin de réduire la conduction thermique et donc les brûlures et la fragilisation des muqueuses, des gommes à mâcher pour provoquer une salivation suffisante et améliorer lhygiène buccale, de la crème hydratante cicatrisante, des tampons alcoolisés et des messages de prévention spécifiques.
Lévaluation portera sur lefficacité des outils en termes de changements de comportement et sur le nombre de personnes touchées. Des questionnaires sur la satisfaction des usagers et la modification de leurs usages seront complétés par lobservation déléments de santé objectivés.
Sur le plan strictement sanitaire, le groupe établit des grilles de score de gravité pour les différentes types de lésions présentées par les usagers de crack : brûlures, nécroses, coupures, infections en tenant compte du nombre de lésions, de leur étendue et de leur importance ainsi que de leur site. Ces éléments seront côtés par des professionnels de santé formés.
Les financements semblent acquis pour la recherche, mais ce nest pas le cas pour les matériels utilisés par les cinq associations du projet. Aucun financement na été dédié à ces matériels en 2007. Il existe quelques pistes pour 2008 mais elles ne sont pas acquises. Ultérieurement, si les outils sont validés, ils devraient rentrer dans le même type de financement que les outils déjà agréés type seringues. On peut sinterroger avec Catherine Pecquart sur les cadres et les soutiens pour linnovation en RdR car, alors même quil existait un plan crack et quune lettre du ministre de la santé Xavier Bertrand rappelait les devoirs des Caarud et CSST en matière de prévention de la transmission du VHC, le programme de recherche inter-associatif reste plongé dans une certaine incertitude financière.Enquête dans la file active du bus méthadone
Depuis 1999, le bus méthadone a pour objectif de contacter une population dusagers peu suivis, de faciliter leur accès à la substitution par la méthadone et plus généralement leur accès aux soins afin daméliorer leur état de santé. Linclusion, anonyme et sans rendez-vous, se fait après un entretien médico-social et un test urinaire au lieu fixe, avenue Parmentier, dans le 11e arrondissement de Paris. Munis dune carte et dun numéro dimmatriculation, les usagers peuvent ensuite se rendre dans le bus dans le 10e, le 18e ou le 20e. Depuis 2006, le dispositif est géré par lassociation Gaia Paris, sous la coordination du Dr Elizabeth Avril.
Sandra Nahon et Kayigan dAlmeida, du Crips-Cirdd Ile-de-France ont réalisé, à partir des questionnaires dadmission de 1999 à 2005, une étude des crackeurs du bus. Il sagit dune grande majorité dhommes, dun âge médian de 31,9 ans, comparable à lâge médian des consommateurs dautres produits. Il y a parmi les usagers de crack moins de personnes de nationalité étrangère (33,5%) que dans le reste de la population incluse (43,2%). Ils déclarent beaucoup plus fréquemment que les autres usagers du bus être sans emploi (78,8% contre 58,7%) et leur niveau de ressources est inférieur à la moyenne.
Au bus méthadone, les consommateurs de crack sont plus souvent polyconsommateurs que les autres. Plus dun tiers déclarent consommer 4 produits et plus. La prévalence du VHC est significativement plus élevée chez les usagers de crack (35,8%) que dans la population totale du bus (24,8%). Pourtant, les usagers de crack déclarent plus souvent un suivi antérieur ou un contact avec un CSST, un médecin ou une assistante sociale.
Les usagers du bus déclarent plus souvent la prostitution, le deal et le vol que les autres, trois facteurs significativement associés à la consommation de crack. Autre facteur associé : les violences subies, qui sont également plus fréquentes chez les consommateurs de crack. Les antécédents dincarcération concernent 60% des usagers de crack contre 40,2% des autres usagers de drogues. Ces vulnérabilités sont elles engendrées par la consommation de crack ou sont elles préexistantes et peut-être aggravées par la consommation de crack ?Un plan crack dans le nord-est parisien
Pour Jean Benet, chef de projet drogues et dépendances à la préfecture de Paris, il appartient aux pouvoirs publics de se préoccuper des personnes en errance et en grande difficulté. Cest ce qui a conduit à la mise en place en 2005 dun plan crack dans le nord-est parisien qui articule, autour dun comité de pilotage institutionnel, quatre groupes de travail et un groupe de suivi local propre au 18e arrondissement de Paris.
- le groupe de travail police justice santé, animé par le Parquet et la Ddass de Paris, travaille à une meilleure articulation entre la justice et la santé, à un meilleur suivi des injonctions thérapeutiques et à un rapprochement avec les services pénitentiaires ;
- le groupe de travail hébergement, animé par la Ddass de Paris, développe le partenariat entre les CSST et les centres dhébergement durgence pour proposer des solutions innovantes pour les usagers de drogues, et notamment un accueil spécifique pour les femmes ;
- le groupe de travail prise en charge socio-sanitaire, animé par la Drassif et la préfecture de Paris, met en réseau les différents CSST, le secteur psychiatrique et les lits daccueil des usagers de crack et polytoxicomanes en errance ;
- le groupe de travail prévention, animé par les missions prévention de la Dases, ville de Paris et du conseil général de Seine-Saint-Denis, sattache aux interventions en amont des consommations en sappuyant sur les acteurs de terrain pour identifier les facteurs de vulnérabilité qui font que des jeunes entrent dans des conduites à risques addictives ou délictueuses.
Face à une situation préoccupante dans le nord-est parisien, lEtat se devait de se mobiliser. Il sagissait de mettre en place une véritable politique interministérielle de prise en charge des usagers de crack. Au vu de laccroissement des saisies de cocaïne à Paris et dans la petite couronne, leffort devrait se poursuivre.Les pratiques franciliennes de prise en charge
En septembre 2005, en parallèle dune recherche-action sur les usagers de crack menée, à linitiative de la Mildt, par Coordination Toxicomanie, un groupe de travail sur la "prise en charge socio-sanitaire des usagers de crack et polytoxicomanes en errance dans le nord-est parisien" a été constitué dans le cadre du plan crack. Coanimé par Jean Benet, de la préfecture de Paris, et par Albert Herszkowicz, médecin inspecteur régional en charge des questions daddiction à la Drass Ile-de-France, il regroupe des CSST, des Caarud, des hôpitaux, des Ddass, des collectivités locales - Paris et la Seine-Saint-Denis - et des associations. Face au constat de la faible coordination des différentes structures amenées à prendre en charge les usagers de crack, le groupe sest fixé comme axes de travail lorganisation de la diversité des modalités de prise en charge, le lien avec la psychiatrie de secteur et larticulation avec les hôpitaux de lAssistance publique (Bichat, Lariboisière, La Pitié...). Les objectifs étaient daccompagner et de soutenir la mise en place du CSST Ego et de mettre en oeuvre des modalités de la coopération entre les CSST concernés par la question du crack mais également entre les structures de villes - CSST et Caarud - et les structures hospitalières, tant les hôpitaux que le secteur psychiatrique. Enfin, il sagissait aussi de développer les droits sociaux, point sur lequel il reste à ce jour beaucoup à faire, tant la précarité qui frappe les usagers de crack est importante.
Ces deux années de travail et déchanges - parfois vifs - ont permis un certain nombre davancées. Tout dabord, le CSST Ego est officiellement ouvert depuis le 26 février 2007. Ensuite, la coordination inter-CSST et inter-associative, au coeur de la démarche du groupe, a indubitablement progressé sur plusieurs points, notamment la confrontation des approches et des expériences, le travail à destination des usagers incarcérés et sortants de prison, lélaboration commune de protocoles et de prises en charge spécifiques avec lappui méthodologique de services hospitaliers. Cest également dans ce groupe que la question de la mise en place et du financement doutils communs et homologués de RdR spécifiques pour les consommateurs de crack est envisagée. Une préoccupation majeure a été de faire progresser la prise en charge hospitalière dans le nord-est parisien. Ainsi, lEcimud de Bichat peut dorénavant utiliser des lits du service de laval des urgences psychiatriques, et elle a commencé à y mettre en place des protocoles thérapeutiques.
Cest dans le secteur psychiatrique quil reste le plus à faire. Les membres du groupe témoignent de lextrême difficulté de faire admettre des patients présentant des troubles psychiatriques, alors même quils bénéficient parfois de laval dune équipe psychiatrique de liaison. Ensuite, quand le patient est admis, se pose le problème déviter les sorties intempestives. Le groupe rejoint sur ce point le constat établi par la recherche-action autour de linsuffisance des lits spécialisés hospitaliers.
Le programme du groupe pour les prochains mois est chargé. Il sagira notamment de lélaboration et du suivi des protocoles thérapeutiques, de la poursuite des échanges avec lAPHP, du suivi du CSST Ego ou encore de la question des femmes usagères de crack. Le défi est de réussir à maintenir une instance régionale de travail collectif entre les institutions et les équipes prenant en charge les crackeurs dune manière éthique, responsable et partagée ; de déboucher sur des protocoles thérapeutiques et davancer sur la question centrale de la psychiatrie.Limplication du secteur psychiatrique à Hambourg
A Hambourg comme à Paris, on trouve des scènes de consommation ouvertes dans le centre ville, notamment près de la gare centrale, et dans le quartier de Steindamm dans lequel de nombreux jeunes, garçons et filles, se prostituent et sont fréquemment payés en doses plutôt quen argent par leurs clients. Les policiers rapportent une augmentation des délits liés au crack, notamment la hausse des arrestations de "mules" qui transportent du crack enveloppé daluminium dans leur bouche, et nhésitent pas à lavaler quand ils se font interpeller. Il faut dire quHambourg, ville portuaire, est lune des principales portes dentrée de la cocaïne en Europe et lune des villes allemandes, avec Hanovre et Francfort, qui compte le plus grand nombre dusagers de crack.
Tobias Mrusek, psychiatre, évoque le programme de prise en charge initié en 2000. Le nombre de patients y est en augmentation constante jusquà atteindre, en 2006, 660 usagers de crack au cours du mois. Les patients ressemblent à bien des égards aux crackeurs métropolitains. Leur situation sociale est généralement désastreuse : sans abri, sans couverture sociale, sans entrées dargent, sans réseaux sociaux en dehors des réseaux de consommation... Plus de la moitié dentre eux sortent de prison.
Obtenir des informations sur leurs antécédents psychiatriques savère difficile. Pourtant les troubles de la personnalité sont fréquents, tout comme les stress post-traumatiques, les dépressions sévères et les psychoses type schizophrénie. Parmi les 660 patients suivis en 2006, le mode dusage le plus répandu est linhalation, mais on trouve aussi 101 injecteurs, tous également consommateurs ou anciens consommateurs dhéroïne. Certains déclarent injecter des mélanges de crack et dhéroïne ou de crack et de benzodiazépines. Les co-consommations sont fréquentes, quil sagisse dhéroïne, de benzodiazépines ou dalcool. Beaucoup présentent des complications cardiovasculaires, dermatologiques (impétigo, infections des mains et des pieds, abcès) ou oculaires (lésions de la cornée) sans parler du manque, qui se manifeste aussi bien physiquement - ils sont alors épuisés, affamés, déshydratés - que psychologiquement - ils sont alors anxieux, agités ou déprimés.
A Hambourg, le service daddictologie est pluridisciplinaire et regroupe psychiatres, psychologues, infirmiers, aides-soignants et travailleurs sociaux. Les crackeurs restent en moyenne 5 jours. Il ny pas de liste dattente. Lenvironnement thérapeutique se veut calme, rassurant. Des infirmiers sont toujours présents. Léquipe a recours à lentretien motivationnel et à lacupuncture. Malgré un recours aux benzodiazépines contre lanxiété, Tobias Mrusek regarde les traitements pharmacologiques avec peu doptimisme, regrettant les problèmes de descente avec les agents sérotoninergiques, les risques daccoutumance avec les dopaminergiques.Le parcours de soins de Fort-de-France
Au service de soins et de réinsertion du Pr Aimé Charles-Nicolas, à Fort-de-France, le parcours de soin, très structuré, commence par une triple évaluation administrative, sociale et sanitaire en ambulatoire. Un bilan hebdomadaire et une synthèse permettent de faire une proposition thérapeutique.
En ambulatoire, le parcours commence par une consultation médicale, des entretiens avec des éducateurs et des séances dacupuncture. Il comprend aussi des consultations avec un psychologue ainsi que des activités conviviales simples. Après un mois, une évaluation et une synthèse sappuyant notamment sur les tests urinaires et la compliance thérapeutique permettent de faire le point sur lassiduité, les modifications de comportements de consommation, les motivations du patient. Sil y a une bonne évolution, ces soins ambulatoires se poursuivent trois fois par semaine et font lobjet dune nouvelle évaluation à 3 mois. Dans le cas contraire, un suivi intensif ambulatoire quotidien est proposé. Dans le cas où la situation du patient est peu propice à lambulatoire, une admission au centre résidentiel peut être envisagée.
En résidentiel, la prise en charge est construite autour dune progression organisée en 3 mois. Au cours du premier mois, le travail porte sur larrêt de la consommation. Le mois suivant, les sorties sont autorisées, avec un travail particulier sur le maintien de labstinence et la prévention de la rechute. Le troisième mois est axé sur les projets de réinsertion socioprofessionnelle avec, la dernière semaine, la mise en place dune articulation avec le centre ambulatoire. Comme en ambulatoire, les patients bénéficient en résidentiel de séances dacupuncture, dentretiens médicaux et psychologiques réguliers, dun accompagnement social et professionnel. Léquipe essaie dassurer une véritable animation culturelle. A lissue du séjour, les patients sont orientés vers lambulatoire, ils peuvent revenir conforter les acquis du séjour si les réalités de la vie à lextérieur lexigent. Durant tout le séjour résidentiel, une thérapeute familiale accompagne les familles des patients pour leur permettre dadapter leur accueil et leur attitude, dévacuer toute trace dagressivité et de contentieux.
Léquipe de Fort-de-France souhaite faire évoluer ce protocole très socio-éducatif vers une médicalisation plus marquée.
Léquipe fait aussi de la recherche sur les aspects pharmacothérapiques, les profils des patients - notamment les antécédents dhyperactivité avec troubles de lattention - et les questions de participation génétique dans la vulnérabilité pour la dépendance au crack. Pour léquipe dAimé Charles-Nicolas, les suivis comme les recherches mettent en évidence linsuffisance de description du tableau clinique des consommations de la cocaïne et du crack.Approche partenariale dans le sud-ouest de Londres
Janice Gittens, coordinatrice du projet Bleinhem, réseau de soins pour usagers de crack et de stimulants témoigne du programme lancé en mars 2004 à Lambeth. Ce quartier de 270000 habitants dans le sud-ouest de Londres compte 3000 à 5000 usagers de drogues, dont 2000 en demande de traitement chaque année.
Au Royaume-Uni comme ailleurs, lusage de cocaïne sniffée, injectée ou fumée, avec ou sans héroïne (speed ball) a considérablement augmenté ces dix dernières années. Ainsi, lexpérimentation de la cocaïne chlorhydrate concerne 6% à 8% des jeunes de 20 ans et celle du crack 1% des 16-25 ans. Dans les files actives des centres de soins, 24% des usagers consomment du crack. Dans les centres de soin londoniens, le nombre dusagers de crack a augmenté de 159% entre 1996 et 2001, faisant de Londres la capitale britannique du crack, avec une concentration particulière, jusquà 4 fois supérieure, dans le sud-ouest de la ville.
Face à cette situation préoccupante, le Refuge7 créé en mars 2004 a pour vocation dassurer des soins de qualité, détayer les compétences professionnelles des équipes, de généraliser la distribution de kits aux usagers, tout en assurant une solide implantation dans le quartier par le biais des structures et des équipes de première ligne. Le parti pris est celui datteindre une excellence clinique en associant interventions psychosociales et psychothérapies dans le traitement des usagers de crack et des polyconsommateurs.
Au Refuge, tout commence par une évaluation rapide qui permet détablir des priorités et un plan de soins. Chaque usager est suivi par un travailleur social. Le cas de chacun est discuté lors dune réunion clinique afin de déterminer la forme de traitement la mieux adaptée en parallèle de sessions individuelles daide sociale et psychologique. Les usagers peuvent être orientés vers dautres structures de proximité, notamment pour des post-cures ou une insertion professionnelle. Le Refuge reçoit chaque année autour de 170 patients pour un budget de 400000 livres (environ 558000 euros).
Les usagers sont des hommes pour 72%, âgés pour la plupart de 35 à 44 ans. Les noirs (anglais, caribéens ou africains) sont surreprésentés (52% des patients). En dehors de la cocaïne base ou crack, les principales substances consommées sont lalcool et le cannabis, mais on trouve aussi des usagers dhéroïne.
Laccroche des usagers se fait par le programme déchange de seringues et par un accueil bas seuil en libre accès qui propose une rapide évaluation, des thérapies complémentaires - réflexologie, massage indien, auriculothérapie, acupuncture - et différents services - restauration, douches, laverie, accès Internet, groupes de paroles... Cest le pont vers un travail plus approfondi qui comprend une évaluation complète, des sessions de travail hebdomadaires, des plans de soin structurés, un accès au service psychologique. Une infirmière, présente sur le site un jour par semaine, assure les vaccinations, soins, conseils divers. Les usagers sont invités à participer à divers groupes : éducation et comportement, réduction des risques, groupe dhommes pour faciliter la communication sur les émotions par le partage dexpériences, groupe de femmes avec possible accueil des enfants, groupe de rencontre avec des services externes, groupe de narcotiques anonymes, groupe de prévention de la rechute...Une dimension communautaire
Pour investir la communauté dans le projet, les voisins sont invités à venir et à utiliser les locaux du Refuge, et des représentants de la société civile viennent à la rencontre des usagers pour animer des groupes mais aussi pour faire connaître leurs plaintes éventuelles vis-à-vis du service. Cest un véritable échange : les usagers ont la possibilité de savoir ce que la communauté pense deux et la communauté a la possibilité de rencontrer ces usagers.
Un groupe "famille" réunit toute personne volontaire que lusager considère comme proche. La philosophie est de rompre avec lisolement et dinscrire les usagers dans une communauté plus vaste pour étendre le réseau dentraide. Des travailleurs du milieu pénitentiaire interviennent également auprès des sortants de prison.
Pour Janice Gittens, cest la direction et le copilotage partenarial du projet qui font la différence. On y trouve les équipes daction drogues, les services sociaux, les services de la santé mentale, les usagers. De nombreuses personnes et services ont été invités à participer, chacun pouvant sinvestir et orienter le programme. Des réunions de service hebdomadaires et des réunions opérationnelles mensuelles permettent de faire le lien et dassurer la transparence des circuits de décision.
Entretien motivationnel, counselling, thérapies cognitivocomportementales, réduction des risques, modèles dintervention psychosociale... : pour sinscrire dans la démarche, toute léquipe suit un programme de formation très structuré et bénéficie dune supervision mensuelle.
Certaines formations sont ouvertes aux services extérieurs ainsi quaux familles pour leur permettre de comprendre le fonctionnement du projet.
La philosophie entière du projet repose sur linvestissement de tous, équipe et usagers, et sur une communication effective et ouverte à tous les niveaux du partenariat.Chantiers en cours
En conclusion de cette journée, Olivier Smadja, coordinateur du Cirdd Ile-de-France, revient sur quelques avancées importantes. Le profil des usagers, tout dabord, tant il vrai que déterminer qui sont ces consommateurs polytoxicomanes et usagers de crack permet de mieux cibler les services que lon peut leur proposer. Sur la question de la prise en charge ensuite, les avancées sont réelles. Des protocoles sont en train dêtre mis en place en Ile-de-France, ils semblent suivre la voie de la rationalisation déjà empruntée par les expériences anglaises, allemandes et martiniquaise. En matière de réduction des risques enfin, les efforts pour asseoir scientifiquement la validité des outils de RdR constituent un véritable progrès pour légitimer cette RdR... et la faire financer.
Dautres chantiers se sont ouverts. La question du territoire tout dabord. Le plan crack défini comme un dispositif qui concernait le nord-est parisien est débordé, puisquon trouve des usagers de crack dans les files actives de structures haut et bas seuil y compris au-delà de la petite couronne, ce qui conduira sans doute à devoir améliorer le partage dexpérience avec lensemble des professionnels qui sintéressent à cette question. Autre point préoccupant : la précocité de certains usages - notamment dans le milieu festif - montre quil est urgent de penser des interventions précoces auprès de ce public spécifique qui risque dentrer très jeune dans une consommation de cocaïne basée.
La délicate question du nombre
Comme le souligne Albert Herszkowicz, de la Drass Ile-de-France, la question du nombre de crackeurs est un véritable enjeu politique. Est-ce un phénomène restreint ? Circonscrit au nord-est parisien ? Y a-t-il une augmentation du nombre dusagers ? Aujourdhui, une convergence de sources montre que le crack sort de ses deux zones principales que sont Paris et les Antilles. Pour nen citer que deux, lenquête Coquelicot a montré une émergence du crack à Bordeaux avec des consommateurs plus jeunes présentant des consommations associées damphétamines et decstasy, et deux structures de Melun témoignent de lapparition du phénomène chez danciens injecteurs. Des sources judiciaires confirment cet éparpillement du phénomène. Le TGI de Pontoise par exemple a connu pour la première fois en 2005 une affaire de crack. Jean-Michel Costes, de lOFDT, pense pouvoir, dici mars 2008, donner une estimation du nombre dusagers problématiques de crack en France en croisant les données nationales et celles des structures spécialisées relatives aux usagers problématiques de substances psychoactives.
Les pistes dans le traitement pharmacologique de la dépendance à la cocaïne
Laurent Karila, de lhôpital Paul Brousse, évoque différentes approches possibles.
- Parmi les agents GABAergiques : baclofène, tiagabine, topiramate et vigabatrine ont été évalués et montrent des effets anticraving.
- Au titre des agents dopaminergiques, le bupropion a montré un effet potentialisateur en association avec du management des contingences, mais cette technique psychothérapeutique reste très peu utilisée en France. Le disulfiram, quant à lui, donne de bons résultats dans les doubles dépendances alcool+cocaïne. Le National Institute on Drug Abuse (NIDA) met en avant laripiprazol, des essais non encore publiés laissant entrevoir son efficacité, notamment chez des sujets schizophrènes.
- On sait depuis une méta-analyse sur 40 ans (Amato et coll., 2007) que les antipsychotiques et neuroleptiques de première génération nont aucune indication dans la dépendance à la cocaïne ou au crack.
- Lapproche substitutive ressort de lanalyse de la littérature avec des programmes développés par lOMS notamment au Canada et en Suisse. Les agonistes potentiels, modafinil et méthylphénidate, ont été évalués. Léquipe de Charles Dackis à Philadelphie a ainsi obtenu de bons taux dabstinence et des effets anticraving sans effet spécifique secondaire sur 62 patients fumeurs de cocaïne en ambulatoire, avec une posologie de 400 mg/j. La cocaïne orale, sous forme de thé ou de tablettes, est principalement utilisée en Amérique du Sud. Des études montrent des effets anticraving et de prévention de la rechute, mais toutes nont pas de méthodologies solides et les effets de la cocaïne orale restent à ce jour anecdotiques.
- Dautres agents prometteurs ressortent de la littérature : des adrénobloqueurs comme le propanolol (traitement adjuvant qui atténue les symptômes sévères de sevrage), mais aussi la N-acétylcystéine (Mucomyst®), qui commence à faire parler de lui dans la cocaïne ou le jeu pathologique, ou encore londansétron, antagoniste 5HT3 principalement utilisé comme antiémétique.
- Reste la piste du vaccin, élaboré après la découverte dans les années 1990 danticorps spécifiques anti-cocaïne chez lanimal et qui permet une séquestration et une inactivation sanguine de la cocaïne. Dans létude de Martell et coll. de 2005, labstinence était bonne dans le groupe vacciné à haut taux danticorps.La difficile mesure des résultats dune prise en charge
A Londres, Hambourg ou Fort-de-France, on saccorde à dire quil est difficile de mesurer les résultats des programmes mis en oeuvre. Aimé Charles-Nicolas estime quau bout dun an, 40 à 55% des patients ont cessé de consommer, 20 à 30% ont diminué mais poursuivent une consommation et 20%, le plus souvent disparus des services, ont rechuté. Labstinence ne peut pas être le seul critère. Pour Tobias Mrusek, même si la consommation ne diminue pas, si la comorbidité sestompe cest déjà un résultat. Janice Gittens mesure surtout les progrès de chaque patient et fonde son évaluation sur 4 domaines : la réduction de la consommation, létat de santé physique, les relations sociales et la criminalité.
1 Cf. "Stimuler la recherche clinique sur la cocaïne",
Swaps n° 44, 3e trimestre 2006
2 Baromètre Santé 2005
3 Escapad 2005
4 Résultats non encore publiés
5 ENa Caarud : enquête une semaine donnée en novembre 2006, résultats provisoires sur 4600 fiches : 14 à 15% de la population suivie par les Caarud consomme du crack.
6 "Pratiques et opinions liées aux usages des substances psychoactives dans lespace festif musique électronique",
OFDT, juillet 2007,
étude exploratoire sur 5 sites, auprès de jeunes de 24 ans en moyenne.
7 The Lambeth Harbour